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Les Supports Corporels de Remédiation en lien avec des techniques de sophrologie

Les principaux supports sensori-moteurs sur lesquels le sophrologue pourra travailler sont au nombre de huit, à savoir :

– Le tonus musculaire

– La mobilisation des articulations du corps

– La mobilité du visage

– Le toucher

– L’équilibre – La verticalité

– La respiration

– L’écoute

– La visualisation

1) Le tonus musculaire

Le sophrologue, par des exercices adaptés, va travailler les contrastes entre tension et relâchement (dur-mou) afin que l’élève puisse identifier les ressentis musculaires qui l’habitent ; l’élève, va réajuster son tonus en fonction des sollicitations et de son environnement. Il va mobiliser de façon juste l’ensemble de son corps.

Les exercices joueront sur le contraste « contraction-relâchement ». Il sera nécessaire de bien repréciser pour la plupart de ces exercices, la notion d’ancrage. Il sera possible de pratiquer :

– Les contractions globales ou séquentielles associées à une respiration qui, avec l’inspiration amène la contraction, puis suspension du souffle en maintenant la contraction, puis expiration en relâchant la contraction.

– Contraste « mobilité-immobilité ».

– Le marteau piqueur : Faites vibrer votre corps comme si vous teniez un marteau piqueur, secouez les bras, les jambes en étant légèrement courbé en avant, puis, lentement retrouvez une posture de verticalité apaisée avec le contrôle de la respiration.

– Les statues : A un signal donné, faites prendre la position d’une statue (posture de tension) et à un autre signal, la statue devient toute molle (posture de relâchement) jusqu’à ce que le participant se retrouve au sol totalement détendu.

– Contraste « contacts corporels énergiques et contacts corporels doux« .

Pour ce « contraste », le sophrologue pourra s’appuyer sur la relaxation dynamique de « la toilette par automassage » en la modifiant pour jouer sur les ressentis énergiques et les ressentis doux.

2) Mobilisation des articulations du corps

Cette mobilisation va permettre de « délier » les articulations, de prendre conscience des mauvaises postures (pour les petits, jambes sous les fesses par exemple ou tête trop inclinée sur un côté ou même posée sur l’avant bras, …). Après cette « mobilisation », le corps sera plus disponible, plus équilibré pour servir nos apprentissages.

Les exercices

– Mobiliser les articulations de la colonne vertébrale :

1) En position assise :

– Relaxation dynamique des étirements en étant assis.

– Enroulement de la colonne vertébrale (la tête doit se retrouver entre les genoux) : sensation du dos qui s’arrondit, puis remonter lentement avec le ressenti d’empiler ses vertèbres, d’avoir le dos plat avec la verticalité de la colonne vertébrale, la tête se positionne en dernier, et monter le sternum vers le haut.

1) En position debout :

– Relaxation dynamique des étirements.

– Relaxation dynamique des demi-lunes.

– Mobiliser l’ensemble des articulations : Relaxation dynamique des articulations.

3) La mobilité du visage

Le visage est le siège des expressions mais également des « masques » que nous adoptons en fonction des situations que nous vivons. Ces masques ne reflètent pas forcément l’authenticité et la sincérité de ce que nous ressentons ; ils peuvent être trompeurs envers nos interlocuteurs, mais également envers nous-mêmes.

Travailler sur son visage va nécessiter un effort de concentration car c’est une partie de notre corps que nous ne pouvons pas voir naturellement et qui est pourtant constamment mise en avant et sollicitée.

Les exercices (en position assise)

– Mobiliser les muscles du visage :

– Exercice du « repassage » : fermez les yeux, plissez le visage (front, yeux, nez, joues, menton), tenez quelques secondes et avec la main « repassez » le visage qui devient lisse et se détend, ouvrez les yeux et souriez. Recommencez à un rythme plus soutenu puis au ralenti.

– Exercice des émotions : passez d’un visage gai à un visage triste, puis la peur, la colère, le dégoût, … et chaque fois ressentez bien ce qui se passe au niveau de la musculature du visage.

– Exercice des grimaces : faites des grimaces puis « repassez » avec la paume de la main pour avoir un visage normal.

– Mobiliser les yeux :

– Ouverture et fermeture rapide des yeux puis de plus en plus lentement avec la sensation d’avoir les paupières lourdes.

– Mouvements oculaires : la tête reste fixe et la personne regarde en haut, en bas, en haut à droite, en bas à droite, en haut à gauche, en bas à gauche, puis tournez les yeux dans un sens, puis dans l’autre.

– Regard fixe : le regard est fixé sur un point et la tête se déplace en haut, en bas, en haut à droite, en haut à gauche, en bas à droite, en bas à gauche, puis faire tourner les yeux dans un sens et dans l’autre autour de ce point.

– « Poursuite » oculaire (ex. à faire à deux) : suivez des yeux un objet (crayon par exemple) que l’on déplace devant vous (déplacement lent, rapide, en zigzag, signe de l’infini, …).

– Pression des paupières : fermez les yeux en serrant très fort les paupières, puis relâchez lentement la pression, observez ce qui se passe, puis recommencez.

– Mobiliser le nez et la bouche :

Le nez :

– Faites le « nez de gorille » en écartant et ouvrant bien les narines. Faites également le « nez de lapin » en faisant bouger le bout du nez.

– Bouchez vous une narine, inspirez, soufflez par la bouche, même chose avec l’autre narine, puis inspirez avec les deux narines. Que ressentez-vous ?

La bouche :

– Promenez votre langue dans la bouche, pressez la contre les dents, contre les joues, contre les gencives.

– Déplacez les mâchoires (comme si on baillait), puis en latéral, claquez des dents, souriez en montrant ou en cachant les dents.

– Mordez vos lèvres, cachez les à l’intérieur de la bouche, tendez les en avant, placez la lèvre supérieure sur la lèvre inférieure et vice versa.

– Gonflez les joues, faites une bulle d’air que vous faites passer côté joue droite, puis côté joue gauche.

– Dites des lettres, des mots ou des phrases en articulant normalement puis en exagérant l’articulation, puis les dents serrées, puis les lèvres fermées.

4) Le toucher

Avant de proposer des exercices en lien avec le toucher, il est nécessaire d’apporter quelques précisions, à savoir :

Le toucher favorise la structuration du schéma corporel en permettant d’appréhender l’espace de son propre corps, de gérer la détente, et de stimuler les circuits neuronaux.

Le toucher favorise les apprentissages en améliorant la concentration en qualité et en durée. Il permet de connecter la vision et l’audition, de favoriser la représentation mentale de ce qui est appris et de ce qui sera restitué (les futures « évocations » auxquelles l’apprenant fera référence pour restituer son savoir).

Le toucher favorise la structuration de l’affectivité. Il est le sens le plus important pour cette structuration car la peau est notre enveloppe intime sur laquelle s’inscrit les traces laissées par les relations. La peau porte une mémoire sensorielle de nos émotions. Lorsqu’une maman « manipule » son bébé peau contre peau, elle contribue à la construction affective de son enfant. Certains enfants ont été privés de ces contacts privilégiés (voir chapitre précédent A-3- représentation mentale de son schéma corporel – a). Pour d’autres, le toucher est source de peur et d’angoisse car les « frontières » intimes de la personne n’ont pas été respectées.

– Le toucher, nous amène à la main qui, par son travail d’investigation (toucher, palper, …) se positionne comme étant l’avant-garde de l’intellect en favorisant de façon sensori-motrice l’analyse et la synthèse : osons parler de l’intelligence de la main.

Les exercices (en position debout)

– Massages sur soi pour « réveiller » le corps :

– Tapotez avec le bout des doigts le crâne puis laissez « dégouliner » les mains sur le visage (3 fois) puis frottez énergiquement les différentes parties du corps : les différentes parties du visage (front, menton, joues, nez, oreilles), les épaules, les bras, les coudes, les mains, le ventre, le dos, les fesses, les cuisses, les mollets, les pieds… Fermez les yeux et prenez conscience des sensations.

– Même exercice mais remplacez le massage énergique par des gestes qui « époussettent » chaque partie du corps. Fermez les yeux et prenez conscience des sensations.

– Massages sur soi pour relâcher le corps :

– Pétrissage : avec les mains pétrissez toutes les masses musculaires (n’oubliez pas les paumes de mains). Fermez les yeux et prenez conscience des sensations.

– Massages sur soi pour calmer :

– Caressez les différentes parties du corps : les différentes parties du visage (front, menton, joues, nez, oreilles), les épaules, les bras, les coudes, les mains, le ventre, le dos, les fesses, les cuisses, les mollets, les pieds… Fermez les yeux et prenez conscience des sensations.

– Massages à deux :

– Posez votre main quelques secondes sur une partie du corps de votre partenaire qui a les yeux fermés. Celui qui a les yeux fermés visualise la partie de son corps qui est touchée et sent le contact de la main (chaleur, pression, …).

– Même exercice avec les deux mains pour travailler sur le ressenti du volume (par exemple une main sur le tibia et l’autre sur le mollet. Celui qui a les yeux fermés visualise la partie de son corps touchée et sent le contact de la main (chaleur, pression, …).

Avertissement : le travail à deux nécessite de la part des deux partenaires de la confiance en l’autre et une suffisante aisance avec son propre corps pour pouvoir aborder celui de l’autre.

5) Equilibre – Verticalité

La prise de conscience de l’équilibre et de la verticalité du corps permet à l’élève :

– Une présence à son propre corps pour se recentrer.

– De « s’enraciner » et de s’ancrer physiquement dans la réalité (ici et maintenant).

– D’avoir conscience des relations entre le haut et le bas du corps (« antenne » ciel-terre, lien corporel-intellect).

– De sentir la répartition du poids du corps sur les appuis ; c’est lutter contre la pesanteur.

Les exercices

– Prise de conscience de l’équilibre et de la verticalité en position debout :

– Posture : debout, les pieds écartés de la largeur du bassin, les bras le long du corps, vous fermez calmement les yeux sur une expiration et vous “vous enracinez” afin d’avoir un bon équilibre global. Vous sentez l’équilibre de votre bassin, de vos épaules qui sont lourdes et tombantes, vous percevez également l’équilibre de ta tête qui n’est, ni trop en avant, ni trop en arrière, ni trop à droite, ni trop à gauche, comme si vous fixiez un point à l’horizon.

– Dans cette position, créez des balancements d’avant en arrière, de droite à gauche, effectuez des cercles imaginaires, puis revenez à l’axe de verticalité.

– Relaxation dynamique de l’ancrage de l’arbre.

– Relaxation dynamique des étirements.

– Prise de conscience de la verticalité en position assise :

– Prise de conscience des appuis sur la chaise : une partie des cuisses, fessiers, une partie du dos.

Puis

– Modification des appuis : dos décollé du dossier, appui fessier sur le devant de la chaise ; que remarquons-nous concernant notre dos ?

– Relaxation dynamique des étirements en position assise.

6) La respiration : C’EST LA VIE

Elle permet :

– De solliciter le système nerveux végétatif (système nerveux autonome).

– De modifier les états de conscience du cerveau, de mieux l’oxygéner et donc d’améliorer le raisonnement.

– La circulation des énergies en favorisant les échanges gazeux qui alimentent les muscles, donc moins de crispation, moins de tensions parasites donc plus de détente musculaire.

Les exercices

– Prise de conscience de la respiration :

– Main devant la bouche : soufflez sur votre main, éloignez la, rapprochez la ; que ressentez-vous ?

– Soufflez sur une plume ou une balle de ping-pong. Que constatez-vous, que ressentez-vous?

– Relaxation dynamique du ballon qui se gonfle et se dégonfle.

– Respiration avec un mouvement de tête (oui) et un mouvement de tête (non). (debout ou assis)

– Respiration avec un mouvement des épaules : haussement à l’inspiration, descente à l’expiration. (debout les yeux fermés)

– Relaxation dynamique des étirements latéraux.

– Respiration avec enroulement de la colonne vertébrale : soufflez en descendant, suspension de souffle, inspirez en remontant. (debout les yeux fermés)

– La cohérence cardiaque.

– Relaxation dynamique de « l’envol de l’oiseau ».

7) L’écoute dynamique

En captant des milliers d’informations à chaque instant, l’oreille « recharge » le cerveau et lui permet d’être à l’écoute de soi et des autres. Mécanique de haute précision, sensible au développement psychique et personnel de l’être humain, elle participe à l’équilibre global de notre devenir. (Alfred TOMATIS)

L’écoute dynamique permet :

– De renforcer l’attention.

– D’aider à conserver la capacité d’écoute en qualité et en durée.

– De favoriser une écoute sélective.

– De positionner le tonus musculaire de façon juste.

Les exercices (les yeux fermés, assis)

Il s’agit de prendre conscience de son écoute :

– Jeux de mains sur les oreilles : appuyez, relâchez à des rythmes différents. Que ressentez-vous ?

– Faites glisser vos lobes d’oreilles entre le pouce et l’index.

– Massez la « bosse crânienne » qui se trouve juste derrière les oreilles.

– Portez votre attention sur les bruits, les plus lointains, les plus proches, ceux de votre corps.

– Si vous êtes en groupe, l’un des participants va déclencher des bruits, identifiez les.

– Chuchotez une phrase à l’oreille de votre voisin qui, à son tour la chuchote à son voisin ; vérifiez que le message n’a pas été déformé. (Cet exercice est pratiqué debout, les yeux ouverts.)

8) La visualisation

Elle est un des outils du sophrologue lors des sophromnésies ou des futurisations.

Elle favorise :

– L’imaginaire et la créativité.

– La relaxation, donc la concentration.

– La capacité de mémorisation.

Les exercices

Prise de conscience de ses yeux, de ses paupières (assis) :

– Fermez, ouvrez plusieurs fois les yeux, d’abord lentement puis de plus en plus vite.

– Clignez des yeux, froncez les sourcils.

– Effectuez des mouvements latéraux, des rotations oculaires (la tête reste fixe).

– Frottez énergiquement vos mains l’une contre l’autre et portez les sur vos yeux fermés. Que ressentez-vous ?

Se concentrer sur un objet (assis confortablement) :

– Observez, palpez un objet simple et familier, remarquez sa forme, sa couleur, son poids, sa matière (texture), …

et

– Fermez les yeux et voyez l’objet « dans votre tête »,

et

– Imaginez l’histoire de cet objet : d’où vient-il, comment a-t-il été fabriqué, qui le possédait avant ? Souvenez vous du moment où vous vous l’êtes approprié, imaginez le futur de cet objet ; que lui arrive-t-il, quels autres objets ou personnes rencontre-t-il ?

Visualiser les différentes parties de son corps (debout) :

– La personne qui guide l’exercice nomme les différentes parties du corps ; les participants ont les yeux fermés, mentalement ils répètent chaque partie du corps en y associant une légère contraction suivie immédiatement d’un relâchement.

Visualiser des images apaisantes :

– AIS d’une promenade sur une plage (par exemple).

 

En Résumé :

Apprendre devient une activité simple et naturelle si nous pouvons :

– Structurer et aimer notre corps.

– Mettre à distance les croyances limitatives.

– Apprivoiser nos émotions.

Jean-Paul Bodin