Henri BALTZ

Il y aurait beaucoup à dire sur Henri Baltz, sur ses engagements politiques, sur ses engagements pédagogiques au service de l’enfant et des parents. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne laissait pas insensibles les personnes qui l’approchaient.

Henri Baltz est né à Orange le 13 janvier 1906. Après des études à l’Ecole Normale à Grenoble, il est nommé pour son premier poste en 1928 à Entre deux Guiers avec sa femme qui est également enseignante.

Durant la deuxième guerre mondiale il fut mobilisé. Après sa démobilisation, ses activités syndicales et politiques attirent l’attention du gouvernement de Vichy et de ses supérieurs. Il est alors muté à Chirens.

C’est dans cette petite école rurale que Baltz va élaborer et expérimenter l’essentiel de sa méthode. Au départ, Baltz voulait favoriser la maîtrise de la langue et favoriser l’apprentissage de l’orthographe de façon rationnelle et objective, intelligente et efficace. Baltz voulait amener l’enfant à une “réflexion orthographique”.

Progressivement, Baltz affine ses objectifs en voulant adapter l’enseignement aux différents élèves en respectant leur propre rythme et en les menant à l’autonomie, ce qui est totalement novateur pour l’époque. Il développe également dans sa méthode la notion d’organisation de la pensée associée à des méthodes actives basées sur le travail et la psychomotricité. C’est à peu près à cette période qu’il tisse des liens entre ses découvertes empiriques et l’enseignement de Wallon, aidé par différentes personnes qui l’accompagnent dans ses recherches.

Baltz va s’occuper également d’élèves en dehors de sa classe, et ils seront de plus en plus nombreux, à tel point que certains logent chez l’habitant pour pouvoir suivre son enseignement.

De plus en plus nombreux sont également les personnes qui viennent le voir et qui se forment à sa méthode. Baltz, de son côté, continue à la perfectionner en l’associant de plus en plus à des diagnostics psycho-pédagogiques et à des dimensions psychomotrices (latéralité, structuration spatio-temporelle, …).

Plus tard, le “Centre Baltz, Bureau d’Etudes Psycho-Pédagogiques et de Psychologie appliquée” verra le jour à Voiron. Baltz est alors entouré d’un groupe de psychologues qui font passer des examens psychologiques traditionnels alors que lui s’occupe des examens psycho-pédagogiques.

A sa retraite, Baltz devient conseiller pédagogique des cours zimmermann situés à Lyon, école qui s’intéresse plus particulièrement aux difficultés scolaires. Pierre Zimmermann en est le directeur et les deux hommes s’étaient déjà rencontrés à Chirens en 1956. Dans cette école, la méthode Baltz va être appliquée avec succès. C’est également au sein de cet établissement que Baltz va découvrir l’Oreille Electronique du Docteur Tomatis.

Baltz va collaborer jusqu’à sa mort avec Pierre zimmermann qui écrira “Le petit d’homme face à la pédagogie”, ouvrage dans lequel les théories d’Henri Baltz sont largement développées.

En 1973, suite à un accident cardio-vasculaire, Baltz perd l’usage de la parole. Il décède le 27 décembre 1974.

Après sa disparition, la Méthode Baltz a continué à être utilisée par Jean Bruasse (qui créa plus tard le centre Ortho-Math). Pour ma part, cette continuité s’est faite avec l’application de la dimension psycho-corporelle Baltz que je pratiquais plus particulièrement et que j’ai fait évoluer au fil du temps afin que ses techniques, tout en étant modernisées, gardent l’esprit qu’avait voulu y mettre Baltz.

Ils l’ont rencontré ou côtoyé et ils ont dit à son sujet :

– Louis Le Grand, professeur honoraire de l’université Louis Pasteur de Strasbourg, a des contacts avec lui dans les années 1950. Longtemps après, en 1991, il livrait à Juan Manuel Lobo Mendez et Juan Antonio Soria Sese, qui rédigeaient une thèse sur Baltz, les propos suivants : “J’en parle encore souvent, il m’a fait l’effet de ces génies de la pédagogie qui cherchent constamment, empiriquement, et ensuite, par des lectures, rationalisent leurs intuitions.”

– Jean-Claude Planchon, actuellement Psychologue-Psychothérapeute-Psychanaliste à Grenoble et qui faisait partie du “Centre Baltz, Bureau d’Etudes Psycho-Pédagogiques et de Psychologie appliquée” dont nous avons parlé précédemment en a parlé également à Juan Manuel Lobo Mendez et Juan Antonio Soria Sese. Voici quelques extraits de ses propos:”Baltz aimait bien expliquer aux parents pourquoi il y avait des problèmes d’orthographe, de lecture, de calcul (…) Il avait un côté pédagogique très puissant pour illustrer et convaincre (…) Sa grande vertu, c’était de toujours proposer des solutions, des prises en charge à plusieurs niveaux : un niveau purement rééducatif avec sa méthode qui insistait beaucoup sur la structuration de l’espace et du temps, et il était également un farouche partisan de la rééducation psycho-corporelle. (…) Il avait cette foi, il savait la transmettre, se donner tout entier pour résoudre une situation, comme l’alpiniste qui veut arriver en haut d’une paroi. Il ne se contentait pas du diagnostic, il s’agissait de mettre en oeuvre des thérapies, des rééducations. (…) Au niveau de la psychologie nous étions (les psychologues du Centre) un relais avec l’université et il était tout à fait ouvert à nos remarques (…)”.

De nombreux autres témoignages pourraient ici trouver leur place. Même si parfois des désaccords entre différentes approches des difficultés de l’enfant ont pu surgir, l’ensemble des personnes qui ont pu rencontrer Baltz lui reconnaissent sa disponibilité, son humanisme, sa foi aux capacités de chacun, son savoir-faire de “pédagogue-chercheur”.