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Espace -Temps

« Il n’y a pas d’espace vécu en dehors du temps qu’il faut pour parcourir cet espace ». René de la Houssey

Cette affirmation nous montre bien que les notions d’espace et de temps sont indissociables et que bien souvent elles sont à l’origine de confusions comme les deux exemples suivants peuvent le montrer : « Aller à l’école en voiture, c’est moins loin que d’y aller à pied. » ; « le chemin était long jusqu’à la nuit. » Les deux enfants à l’origine de ces deux affirmations, respectivement scolarisés en C.E.2 et C.E.1, expriment une confusion entre distance (notion d’espace) et durée (notion de temps). Si de tels propos dans la bouche d’un enfant peuvent prêter à sourire, de telles confusions peuvent devenir pénalisantes si elles subsistent ; en effet, ces notions spatio-temporelles interviennent dans la plupart des apprentissages, le plus souvent au travers de notions de chronologie, comme nous le verrons un peu plus loin.

Pour éviter ce genre de difficultés, l’enfant doit structurer la dimension spatio-temporelle en relation avec la structuration et la découverte de son schéma corporel, découvrir l’espace de son propre corps (espace des gestes), puis l’espace autour de son corps, du plus proche (le berceau, le lit, puis sa chambre), au plus éloigné; avec la découverte de la marche il agrandira son espace d’action à l’appartement, puis le temps passant, il investira des espaces extérieurs (la rue, le quartier, la cour de l’école, …). Pour toute personne (enfants, adolescents, adultes), l’espace du corps représente le présent: on est présent à ce que l’on fait avec son propre corps (d’où l’importance de vivre son corps de la façon la plus juste possible), et c’est à partir de cette perception sensori-motrice que va s’élaborer les notions d’antériorité et de postériorité nécessaires à tout apprentissage.

Ces notions de chronologie interviennent dans les domaines pédagogiques suivants :

– Apprentissage de la lecture et de l’écriture.

– Les mathématiques : la numération (on écrit les nombres de gauche à droite mais on calcule de droite à gauche), le raisonnement, les nombres relatifs, les repérages (coordonnées d’un point), les symétries, …

– Les accords grammaticaux : on écrit de gauche à droite, mais pour accorder, dans la plupart du temps, il faut revenir « avant » dans la phrase, c’est à dire aller de droite à gauche. De nombreuses erreurs d’accord, bien souvent considérées comme des erreurs d’étourderie à tort, sont en relation avec cette dimension; en effet, le scripteur reste dans le présent du mot qu’il écrit et ne fait pas l’effort de revenir en arrière (notion d’espace) et dans le passé des mots écrits avant (notion de temps). Face à ce constat, Baltz avait mis en place une panoplie de stratégies qui passaient par la dimension corporelle et par des manipulations, ce qui est rare dans le domaine de l’orthographe et de la grammaire.

– D’autres règles d’orthographe (grammaticales et usages) font appel à ces notions de chronologie : la règle des participe passés employés avec avoir qui s’accordent avec le c.o.d. si celui-ci est placé avant; la règle du « m » placé avant « m-b-p » et non pas « devant »; …

– Les conjugaisons avec l’organisation de l’axe des temps, les concordances des temps, la compréhension de terme tel que « futur antérieur », …

– La grammaire : les subordonnées circonstancielles (cause, conséquence, …).

– L’apprentissage de l’histoire, …

Enfin, sur le plan de la structuration de la personnalité, il est vérifié que la dimension spatio-temporelle contribue à harmoniser les façons d’être et de faire en permettant à la personne de mieux se situer par rapport à elle-même, mais également par rapport aux autres, donc de mieux communiquer. Enfin, la possibilité de pouvoir également inscrire sa vie dans une perception plus universelle et cosmique de son environnement donne à chacun une stabilité et un équilibre corporel et mental.